L'odyssée de l'empathie
Peut-on mettre en doute les conséquences désastreuses des activités humaines sur l’équilibre climatique ?
Prévenir l’augmentation de l’effet de serre est avant tout un enjeu de solidarité et d’empathie.
D’empathie envers les générations présentes et à venir, les animaux, la nature.
Pensez-vous que le monde de violence dans lequel nous vivons puisse changer et qu’il soit possible de préserver notre planète du réchauffement climatique ?
En éduquant nos enfants dans la bienveillance, ceux-ci deviendront des adultes altruistes, capables d’éradiquer la violence dans le monde et de respecter la nature pour sauver l’humanité.
C’est ce que montre l’Odyssée de l’Empathie, à travers de nombreux témoignages.
Les origines de l’humanité, la bienveillance de Matthieu Ricard, les bushmen du Kalahari, le cultivateur philosophe Pierre Rabhi, les dernières découvertes des neurosciences nous prouvent qu’une enfance heureuse et sans violence est à l’origine naturelle de l’empathie.
En élevant nos enfants dans la bienveillance, ils deviendront des citoyens respectueux de l’être humain et de la nature.
Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes,
Délégation à l’information et à la Communication (DICOM),
La Fondation de la Vocation, Les Parents d’Amour, Ni claques ni fessées,
Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO),
Réseau Hommes Rhône-Alpes (RHRA), Action EMDR contre le Trauma (AET)
Un document d'investigation de Michel Meignant et Mario Viana
Durée 1 h 45
Version française
Asclepia © 2015
- Michel MEIGNANT et Mário VIANA, Auteurs-réalisateurs
- Jean-Michel GODE, Producteur délégué
- Mário VIANA, Chef Monteur
- Laure MANN, Assistante de réalisation
- Jean-Christophe BARRAS, Ingénieur du son
- Cécile MEIGNANT, graphisme
- Claire CHANCE, Assistante artistique
- Jérôme VALIDIRE, Etalonnage
- Hélène CHARTIER, Détection
- Emile LEROY, Traducteur
- François VERGEZAC, Promotion
- François BILLER, Birthe GLUUD, Documentation informatique
- Michel PELLETIER, Trésorier de "Les Parents d'Amour"
- Rui GOMES, Assistance technique
La musique du film
El sistema - Simon Bolivar youth orchestra En savoir plus <<<
L'ode à la joie de Beethoven
Le canon de Pachelbel
Par ordre d'apparition
Nous tenons à remercier tout ceux que nous avons également rencontrés et qui nous ont apporté leur témoignage.
« L’Odyssée de l’Empathie » ne serait pas le film qu’il est aujourd’hui sans leurs contributions.
Retrouvez-les à la rubrique Autres tournages
Arnaud Dehoo
Chef de Service Petite enfance de Lambersart
Créateur et animateur de moyens interactifs contre la violence
Créateur de Bougeothèque de Lambersart
Auteur de : « Porter un regard bien-traitant sur l'enfant et sur soi : Sois sage, obéis ! » Éditions Chroniques
Marylène Patou-Mathis
Préhistorienne du Muséum d’histoire naturelle de Paris.
Lauréate de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation, elle a reçu une bourse pour faire en 1988 un film sur les bushmen : « Le crépuscule des Bochimans ».
Auteur de : « Une mort annoncée. A la rencontre des bushmen, derniers chasseurs-cueilleurs du Kalahari ». Éditions Perrin.
Avec Marylène Patou-Mathis, nous avons découvert qu’au temps de la préhistoire, les hommes vivaient des relations pacifiques.
En allant visiter le peuple primitif des Bushmen en Namibie, nous avons observé qu’ils élevent leurs enfants avec bienveillance et préservent la nature.
Bushmen
Muriel Salmona
Psychiatre spécialisée en psychotraumatologie et victimologie.
À ses yeux, interdire les violences éducatives est non seulement une affaire de respect de droits fondamentaux, mais également de santé publique !
« Forme de maltraitance d’apparence anodine, la violence éducative ordinaire commence quand des parents laissent un bébé pleurer sans le consoler, seul, dans le noir.
Elle peut ensuite se manifester par des claques, des fessées, des cris et des humiliations, donnés soi-disant, pour le bien de l’enfant.
Petit à petit, cette violence banalisée crée le lit de très nombreuses souffrances chez l’enfant et l’adolescent. Elle apprend aux adultes qu’ils deviendront soit à être violents, soit à se soumettre à la violence. Le cycle de la violence est alors enclenché... Jusqu’à frapper l’humanité toute entière.»
Pierre Rabhi
Essayiste, agriculteur et philosophe, il fait le lien entre empathie entre les hommes et empathie pour la planète.
José Antonio Abreu
En 1975, l'économiste et musicien José Antonio Abreu à fondé au Venezuela « l'action sociale pour la musique » EL SISTEMA.
Le programme El Sistema est connu pour sauver les jeunes en situation d’extrême pauvreté, des dérives prévisibles vers la délinquance, la drogue...
« A l’origine, l’art était créé par une minorité pour une minorité. Puis c’est devenu l’art d’une minorité pour la majorité, et nous sommes à présent au début d’une nouvelle ère, ou l’art est conçu par la majorité pour la majorité »
« Tout ce qui est bon, louable et noble doit pouvoir être reproduit. Sinon ce ne serait pas vraiment bon et noble.
Alors, ce qui est bon pour un enfant pauvre doit l’être pour tous les enfants pauvres. »
Gustavo Dudamel
Initié à la musique dès son plus jeune âge, dans le cadre du programme d'éducation musicale El sistema, Gustavo Dudamel, vénézuelien, dirige dès 1999, l'Orchestre symphonique des jeunes Simón Bolívar.
Depuis, il est devenu le directeur musical de « son orchestre » et dirige le Los Angeles Philharmonic.
Marion Cuerq
À 18 ans, Marion Cuerq part vivre son rêve d’enfant et quitte la France pour la Suède.
À Stockholm, elle réalise « Si j’aurai su, je serai né en Suède », un film qui montre comment les enfants sont pris en considération et combien il fait bon grandir dans ce pays qui la fascine depuis toujours.
Isabelle Filliozat
Psychothérapeute, Directrice de l’École des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle.
Auteur de « Il me cherche - comprendre ce qui se passe dans sont cerveaux entre 6 et 11 ans». Éditions JC Lattès
Catherine Gueguen
Pédiatre, elle nous explique qu’il est maintenant possible d’observer les conséquences des traumatismes sur le développement cérébral des enfants, et de constater comment ils guérissent quand ils sont maternés avec amour. Les enfants élevés sans fessée, sans cri, sans humiliation, voient leur cerveau s’enrichir d’un plus grand nombre de neurones que les enfants maltraités.
Auteure du livre « Pour une enfance heureuse – Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau ».
Éditions Robert Laffont.
Matthieu Ricard
Ecrivain, moine bouddhiste et docteur en génétique cellulaire. Il fait le plaidoyer de l’altruisme et nous démontre en quoi les hommes sont de supercoopérateurs.
Thomas D'Ansembourg
Psychothérapeute et conférencier.
Il enseigne principalement une approche qu’il appelle « Processus de Conscience Non Violente ». « La violence n’est pas notre nature, mais l’expression de la violation de notre nature.»
Edwige Antier
Pédiatre, elle a proposé à l’Assemblée Nationale une loi contre la violence éducative.
Dans son cabinet elle voit les méfaits de la violence éducative.
Elle milite avec fougue pour que cela cesse.
Jacqueline Cornet
Fondatrice de l’association « Ni claque, ni fessée » sur la nécessité d’une loi pour faire changer les comportements des parents et des éducateurs.
Sophie Rabhi Bouquet
Enseignante, elle est la fondatrice de la Ferme des Enfants, une école innovante qui offre aux élèves un épanouissement dans toutes leurs dimensions. Elle partage avec nous ses observations et son expérience d’une pédagogie sans note et sans punition.
Nadine Arie
Médecin retraité, écoutante de S.O.S Amitié
Cornelia Gauthier
Psychothérapeute de la violence éducative.
Auteur de « Victime ? Non, merci ! : Sortir du cercle infernal » Éditions Jouvence.
Claudine Andre et les Bonobos
Nous descendons d’un ancêtre commun qui, il y a sept millions d’année, a donné les gorilles, les orangs outans, les chimpanzés et nous-mêmes. Certains chimpanzés, violents, se sont transformés en bonobos, gentils.
Victimes des chasseurs qui tuent leur mère, les bonobos orphelins sont aujourd’hui sauvés par un maternage intensif inventé par Claudine André, dans son sanctuaire «Lola Ya Bonobos» (Le Paradis des Bonobos) au Congo Kinshasa.
Joseph WEISMANN
A la source de notre investigation, Joseph Weismann, l¹un des quatre rescapés sur les 4 000 enfants victimes la rafle du Vel d’Hiv.
Cruellement séparé de son père puis de sa mère, il nous raconte comment il a été sauvé par deux gendarmes résistants après s’être évadé avec son copain du camp de Beaune-la-Rolande.
Il milite contre la violence en témoignant de ses conséquences.
Auteur de « Après la rafle ». Éditions Michel Lafon.
Les autres tournages
Nous tenons à remercier tout ceux que nous avons également rencontrés et qui nous ont apporté leur témoignage.
« L’Odyssée de l’Empathie » ne serait pas le film qu’il est aujourd’hui sans leurs contributions.
- Pascal Picq - Paléoanthropologue - Collège de France
- Vanessa Woods - Primatologue - Caroline du nord - USA
- Brian Hare - Primatologue - Caroline du nord - USA
- David Dutartre - Familylab - Le laboratoire des familles
- Michel Odent - Chirurgien et obstétricien - Écrivain
- Catherine Dumonteuil-Kremer - Rédactrice en chef de PEPS
- Cassiopee Athlan - Etudiante en langues orientales - Ancienne éléve du lycée Autogéré Paris
- Leon Tsamkgao - fils du chef des Ju/'Hoan - Village de Nhoma - Namibie
- Les San et la réserve de Nyae Nyae Conservacy - Namibie
- Le guide Kaeste Gcao du village de Nhoma - Namibie
- Arno Oosthuysen - Nhoma Safari Camp - Namibie
- Sylvie Téveny - Ethnologue - spécialisée dans le monde inuit
- Véronique Gaspard - C N V - Communication non violente
- Isabelle Desplat - Cultivatrice écologiste - Communication non violente
- Redouane Saloun - Cultivateur écologiste - Communication non violente
- Jeremy Rifkin - Ecrivain prospectiviste - USA
- Guy Corneau - Psychanalyste jungien - Ecrivain - Canada
« L’empathie est le talent le plus précieux de l’être humain. »
Meryl Streep
En France, aujourd’hui encore, 2 enfants meurent chaque jour des suites de violences familiales.
Soit plus de 700 enfants chaque année.
Comment en arrive-t-on à une telle situation, alors que l’homme nait naturellement bon ?
Bouleversés par cette question, Michel Meignant et Mário Viana ont voulu comprendre comment naît et se transmet la violence éducative ordinaire.
Ils ont empoigné leur caméra et sont partis enquêter à travers le monde.
Voici ce qu’ils nous racontent aujourd’hui.
La nature humaine est bonne
Les recherches d’Alice Miller et plus récemment d’Olivier Maurel défendent l’hypothèse que la nature humaine est bonne : l’homme ne serait pas prédisposé à la violence ou à la perversion.
Lutter contre la violence éducative ordinaire
Actuellement des pratiques dites “éducatives” tels que les coups, les tapes,
les menaces, les cris, les dévalorisations ; pensées comme inoffensives sont banalisées, voire encouragées. Il s’agit de la «violence éducative ordinaire».
Une éducation non violente et bienveillante est possible : la parentalité positive.
Protéger capacité d’attachement et empathie
Les neurosciences démontrent que frapper et humilier les enfants portent atteinte au bon développement de leur cerveau, notamment la capacité de reconnaître et de ressentir les émotions des autres et d’établir tout au long de la vie des relations harmonieuses.
Une cause d’intérêt général au service de l’humanité
Parce que la violence éducative ordinaire construit, en amont, l’antichambre des comportements violents, le développement de la parentalité positive occupe une position préventive déterminante.
Les parents d'amour
La violence n’aurait pas toujours existé
par Luc Ulmi
LE TEMPS - Genève
samedi 24 janvier 2015
Grand-mère et petite-fille bochimanes de Namibie. « Il n’y a pas de violence éducative chez eux. La fessée, la claque, ça n’existe pas ». (Getty images)
Dans le film « L’Odyssée de l’empathie » des scientifiques et des militants de l’empathie sont rassemblés dans un projet simple et ambitieux: montrer que la brutalité n’est pas inhérente à l’animal humain – et que nous pouvons changer.
Il fut un temps où la violence n’existait pas. Ce n’est pas un rêve, une fable, de la spéculation philosophique. De plus en plus, c’est le scénario qu’ébauchent les sciences, au confluent de l’archéologie, de l’anthropologie, de la biologie de l’évolution, des
disciplines qui étudient le cerveau et la psyché. A l’image d’une nature humaine pétrie de violence et de compétition, le savoir contemporain en substitue une autre, faite d’empathie et de coopération. Les connaissances sur la nature humaine rendent ainsi possible d’imaginer un monde sans massacres, sans guerres, sans brutalité: rien de ceci ne serait en effet inévitable, eu
égard à ce que nous sommes... Médecin, psychothérapeute et cinéaste, le Français Michel Meignant explore ce territoire dans un documentaire en production, pour lequel est en cours une campagne de financement participatif (lire ci-dessous). Nous avons interrogé deux de ses intervenantes.
Une préhistoire paisible
La mort violente infligée par un humain à un autre apparaît plus tard que l’humanité elle-même et reste longtemps un phénomène très limité. C’est ce qu’indiquent les traces archéologiques. Préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, Marylène Patou-Mathis a consacré un livre au sujet en 2013, Préhistoire de la violence et de la guerre (Editions Odile Jacob). « Je suis partie d’un agacement qui venait du fait d’entendre toujours la même chose – nous sommes violents, c’est la nature humaine, ça a toujours existé, alors que ces affirmations ne se basent sur rien. En tant que scientifique, je me suis dit: interrogeons les données. » Résultat ? Si la violence est très rare au paléolithique, elle existe dans des circonstances particulières. « Ses premières traces sont
rattachées au cannibalisme. Celui-ci peut être un rite funéraire, mais aussi un rituel lié au sacrifice d’un individu, qu’on mange ensuite pour fédérer le groupe: tout le monde prend une partie de la faute, si l’on peut dire, au cours du repas cannibalique. » Le sacrifice, pourquoi, au juste? « Pour tenter de répondre à un problème, une crise majeure telle qu’une épidémie ou une famine,
on sacrifie quelque chose de très précieux : un membre du groupe. »
Voilà qui tranche avec les idées reçues, où la violence primitive serait activée par la compétition pour les ressources ou par des rivalités des appétits. « Selon un imaginaire largement partagé, la violence commencerait en agressant l’autre pour lui prendre quelque chose. Il y a plusieurs mythes de ce genre qui circulent, sans être basés sur aucune considération archéologique ou anthropologique: celui du rapt des femmes, par exemple, qui est une projection de la société du XIXe siècle. »
Pas d’angélisme, pourtant : on n’est pas dans le jardin d’Eden, on garde les pieds sur terre. « Il ne faut pas confondre violence et agressivité. Cette dernière est un réflexe, quelque chose d’animal, qui nous permet de survivre. » Mécanisme de défense, l’agressivité naturelle est liée à notre statut de prédateur. «Les chasseurs-cueilleurs tuent des animaux pour s’en nourrir. Mais là aussi, il y a toujours des rituels – avant, pendant et après la chasse. On ne connaît pas un peuple de chasseurs qui n’ait pas de tels rituels.
Il les leur faut, pour pouvoir tuer ce proche, ce presque semblable, ce quasi-frère qu’est pour eux l’animal.» L’absence de violence ne signifie pas qu’il n’y ait pas de conflit: «Les témoignages ethnographiques récoltés auprès des peuples dits traditionnels – tels que les Bochimans, ou San, d’Afrique australe, chez qui j’ai eu la chance de vivre pendant une période montrent qu’il y a chez eux très peu de violence. Quand on se dispute, tout le monde se réunit. Si on n’arrive pas à une solution, il y a scission: une partie s’en va avec l’un des protagonistes du conflit.»
L’archéologie permet-elle de retracer la préhistoire de l’empathie? «Oui. On la voit quand on trouve des squelettes qui présentent des blessures handicapantes ou des malformations congénitales. Il y a de nombreux cas, par exemple un Néandertalien retrouvé à Shanidar, en Irak, qui était dépourvu d’un avant-bras et qui avait vécu plus de 40 ans: cela signifie que le groupe l’avait pris en charge, qu’on ne l’avait pas rejeté et laissé mourir. » Que sait-on des attitudes préhistoriques à l’égard des enfants? « On n’a pas de moyens archéologiques pour savoir comment les enfants du paléolithique étaient éduqués. Mais si on regarde les peuples chasseurs-cueilleurs contemporains, on constate qu’il n’y a pas de violence éducative chez eux. La fessée, la claque, ça n’existe pas. »
Comment l’humanité paisible des débuts devient-elle brutale? « Dès que les groupes se sédentarisent, la démographie augmente. Cela entraîne un changement économique, la domestication des plantes et des animaux. Du stockage apparaît, des biens. C’est là que, dans les peintures rupestres, on voit surgir des personnages plus grands que les autres: des élites. Je ne veux pas me la jouer Rousseau, mais les faits sont là. » Y a-t-il des peuples sédentaires sans violence? «Des sociétés dites horticultrices
de petite taille La question du nombre est essentielle. »
Brutalité « soft » de l’éducation
Il existe deux catégories de violence sur les enfants: elles se transmettent, toutes les deux, entre les générations et font le relais entre les atteintes individuelles et les dégâts sociaux. Médecin, psychothérapeute, auteure de plusieurs livres sur le sujet (Sommes-nous tous des abusés? chez Georg, Victime ? Non merci! chez Jouvence), attelée à la rédaction d’une somme en plusieurs tomes, la Genevoise Cornelia Gauthier a étudié ces deux formes de violence, mais surtout la plus banale: «La maltraitance est le fait de gens qui ont été autrefois abusés eux-mêmes. La violence éducative ordinaire est commise, elle, par à peu près tout le monde, plus ou moins à son insu, en croyant bien faire, avec l’idée que l’enfant en a besoin pour devenir quelqu’un de bien. »
Faite de menaces, de cris, de pleurs ignorés et de quelques gifles et fessées, elle paraît bénigne, voire bienfaisante, alors qu’elle serait « le terreau de toutes les violences»: en entamant la capacité d’empathie de l’enfant, elle permettrait, à terme, le déploiement de nos violences adultes. Elle contiendrait ainsi le mécanisme de sa reproduction. « C’est un langage qu’on apprend depuis
tout petit: puisque l’enfant apprend par imitation, le modèle éducatif qu’on met en place détermine ce qui sera perçu comme normal et comme bon à ses yeux. »
Mais... En écartant toute forme de violence soft de l’arsenal éducatif, ne risque-t-on pas de fabriquer des enfants rois? « Oubliez cette idée reçue! Est-ce qu’on va laisser l’enfant faire n’importe quoi? Bien sûr que non. Il a besoin d’avoir des limites. En fait, il les cherche. C’est l’un des plus grands malentendus entre l’adulte et l’enfant. » Voyons cela de près. « L’adulte met une limite. C’est sécurisant pour l’enfant, qui va vérifier par conséquent si la limite existe. Quand on lui dit: « Tu ne dois pas faire ça », c’est donc clair, c’est prévu d’avance, l’enfant va le faire. Et là, l’adulte se vexe, s’énerve, parce qu’il interprète sous l’angle de la désobéissance une chose qui pour l’enfant est en fait une vérification. » Que faire? «Répéter: «Non, ne fais pas ça », sans menaces, calmement et fermement. Il y aura un effet apaisant pour l’enfant, même s’il est frustré, et il pourra grandir ainsi sans les blocages émotionnels qu’on lui fabrique en lui faisant subir la violence éducative. »
Autre malentendu classique: « On dit à un enfant de 2 ans : « Non, tu ne dois pas toucher la télécommande. » Il entend « télécommande », il assimile l’information avec son petit lobe frontal, il n’est pas encore mature du point de vue neurologique pour annuler en même temps cette image dans son esprit afin de suivre l’interdiction. Il va donc la toucher en nous regardant droit dans les yeux en faisant très lentement le geste: il ne désobéit pas, il vérifie. »
A la suite d’Olivier Maurel, Cornelia Gauthier considère que la violence éducative apparaît dans l’histoire de l’humanité dans le sillage de la sédentarisation. «Le nombre de naissances augmentant par rapport aux sociétés de chasseurs-cueilleurs, les enfants plus âgés ont dû être sevrés pour que les plus jeunes puissent être allaités. Cela a dû créer de l’agressivité chez les aînés, qui ont commencé à taper sur leurs cadets. La mère, que les hormones liées à l’allaitement rendent hyperagressive si l’on touche à son bébé, a dû commencer alors à taper sur son aîné... C’est une hypothèse plausible pour expliquer l’apparition du cycle de la violence dans le cercle familier.»
Audition de la France devant la Commission des droits de l’enfant aux Nations Unies
Genève, le 14 janvier 2016
Réponse de la France à propos
de la violence éducative ordinaire
par Laurence Rossignol
… de moins de 15 ans c’est une première circonstance aggravante. Lorsque les violences ont été commises au sein d’un établissement ou d’éducation c’est une deuxième circonstance aggravante. Lorsque l’auteur des violences est un ascendant de la victime c’est un autre facteur des circonstances aggravantes. Il faut aussi rappeler que les négligences sont constitutives également d’infraction pénale. Il faut également rappeler, que aussi bien dans les établissements accueillant des mineurs, que dans les établissements scolaires plusieurs circulaires préfectorales ou ministérielles ont précisé que les violences et les châtiments corporels ou traitements humiliants étaient strictement interdits et ont conduits ces établissements à mettre en place des plans de prévention contre la violence puisque les violences peuvent être à la fois réalisées par des adultes encadrants et aussi par des mineurs entre, eux au sein de ces établissements. Mais je sais que en donnant ces précisions, c’est sûr que je ne réponds pas à la question qui a été posée. La question se résumant somme toute assez simplement : La France est-elle prête à faire voter une loi pour interdire les punitions corporelles ?
Deux types de réponses : l’une qui concerne d’abord le code civil, l’autre qui concernerait le code pénal. En ce qui concerne le code civil, l’article L 371 -1 du code civil, qui fait partie de ces articles que chaque couple qui se marie connaît, puisqu’ils sont énoncés au moment de la prononciation du mariage. Cet article précise que l’autorité parentale a pour finalité l’intérêt de l’enfant et s’exerce dans le respect dû à la personne de l’enfant. Je considère pour ma part que nous avons là, dans le code civil la base du rejet des punitions corporelles, et de la promotion d’une éducation dans l’intérêt de l’enfant, sans violence commise au nom de l’autorité parentale. Je considère également que les punitions corporelles n’ont pas pour finalité l’intérêt de l’enfant et que pas davantage elles ne contribuent à son respect. Et par ailleurs je considère également que les punitions corporelles ne relèvent pas de la liberté éducative.
Ceci étant dit, la question qui est posée ensuite s’est : Faut-il une loi pénale ? C’est-à-dire une loi qui serait assortie de sanctions à l’encontre des auteurs puisqu’il n’y a pas de loi pénale sans sanction. Et aujourd’hui nous avons en France sur ce sujet un débat qui est assez difficile. Une opinion publique, très majoritairement, très majoritairement, hostile à toute intervention du législateur dans ce domaine, quand je dis très majoritairement, c’est entre 70 et 80 pour cent de l’opinion publique qui est hostile, et qui considère que l’État n’a pas à se mêler de tout de la vie des familles et qui considère également qu’entre la claque donnée par un parent exaspéré et les violences mettant un enfant en danger, il y a une très grande différence et que cette différence fait aussi partie de la difficulté d’être parent. Le choix que j’ai fait dans ce contexte tendu par ailleurs dans les questions de famille, ceux qui ont suivi ce qui s’est passé en France durant les trois dernières années, n’ont pas manqué de noter que tous ces sujets sont extrêmement sensibles et donnent lieu à des expressions et des mobilisations extrêmement réactionnaires autour des questions d’autorité.
Le choix que j’ai fait, à ma place, c’est celui de la promotion d’une éducation sans violence et je considère que les lois qui font évoluer la société doivent être aussi un peu portées et accompagnées par la société. Donc nous en sommes au stade où avec les relais d’opinion, avec les associations, avec un certain nombre de pédiatres, de psychologues engagés sur ce sujet. Nous faisons campagne aujourd’hui, pour que l’opinion publique évolue, d’abord en sa propre conscience, et ensuite dans son rapport à la loi sur ce sujet. Car on ne légifère pas de la même façon sur tous les sujets, et sans être soumis à l’opinion et sans être soumis effectivement uniquement suiviste par rapport à l’opinion. Pour prendre une comparaison probablement excessive, mais lorsque la France décide d’abolir la peine de mort en 1980, l’opinion n’est pas à 100 pour 100 d’accord avec la loi. C’est après qu’il revient à l’état d’appliquer la loi qu’il a voté. En ce qui concerne les punitions corporelles, c’est une loi que nous demandons ensuite aux familles d’appliquer et d’adopter. Et pour que cette loi un jour peut-être soit portée et adoptée, il est d’abord nécessaire de faire évoluer l’opinion. C’est ce à quoi, je me suis attachée avec l’appui d’un certain nombre de militants de cette cause dont je salue par ailleurs, l’engagement sur ce sujet.
L'amendement contre la fessée
a été censuré par le conseil constitutionnel
le 16 janvier 2017
La Conseil constitutionnel a censuré, jeudi, plusieurs dispositions du texte « égalité et citoyenneté », dernière loi importante du quinquennat Hollande.
C’était la dernière loi importante du quinquennat, souvent qualifiée de « loi balai » tant elle avait agrégé nombre de mesures qui n’avaient pu trouver leur place dans d’autres textes législatifs. Jeudi 26 janvier, le Conseil constitutionnel a censuré plusieurs dispositions de ce texte, certaines sur le fond, certaines sur la forme, estimant que les mesures en question n’avaient rien à faire dans la loi.
C’est le cas de l’article 222 du projet de loi « égalité et citoyenneté », qui introduisait dans la définition de l’autorité parentale l’interdiction d’avoir recours aux « violences corporelles » envers les enfants. Cet amendement parlementaire, qui proscrivait symboliquement les gifles et les fessées, avait été voté avec l’accord tacite du gouvernement. Il a été considéré comme un « cavalier » législatif, c’est-à-dire sans rapport avec l’objet principal de la loi. Le Conseil constitutionnel avait été saisi sur ce point par soixante sénateurs de l’opposition.
Inscrite dans le Code civil, la disposition n’était assortie d’aucune sanction, mais avait une vocation pédagogique, selon les auteurs de l’amendement, les députés Marie-Anne Chapdelaine (Parti socialiste, PS, Ille-et-Vilaine), Edith Gueugneau (divers gauche, Saône-et-Loire), et François-Michel Lambert (écologiste, Bouches-du-Rhône). Ils avaient auparavant déposé, sans succès, une proposition de loi sur ce thème.
La ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, avait salué après le vote à l’Assemblée nationale la nouvelle rédaction du Code civil, qui « amplifie le travail de conviction qu’[elle] mène, avec les associations, en faveur d’une éducation non violente », ainsi qu’un « outil indispensable à la prévention de la maltraitance des enfants ».
Réagissant à la censure, la ministre a exprimé vendredi sa « grande déception ». « Je suis très choquée que des députés de droite aient déféré ce nouvel article devant le Conseil constitutionnel (…). D’un certain point de vue, ils ont revendiqué le droit de frapper les enfants », a considéré Laurence Rossignol.
LE MONDE | 26.01.2017
La loi contre la violence faite aux enfants
a été votée par l’Assemblée Nationale
le 22 décembre 2016
J’ai l’immense plaisir de vous apprendre que la Loi contre la violence faite aux enfants a été votée par l’Assemblée Nationale le 22 décembre 2016.
Votre engagement dans ce combat est ainsi récompensé.
Mais il reste à réaliser concrètement la mise en place de son application.
C’est à cela que va concourir notre deuxième volet de l’Odyssée de l’Empathie : Les Chemins de l’Empathie.
Bien chaleureusement.
Michel Meignant
menu
Michel Meignant
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